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Quelle retombées attendre du plan de relance de 100 milliards d’euros pour Auvergne-Rhône-Alpes

Le risque d’une récession profonde existe, là, sous nos yeux. Présenté la semaine dernière par le gouvernement, le plan de relance économique de 100 milliards d’euros, soit 4 % du PIB national, axé sur le soutien au tissu productif, un plan hydrogène ambitieux, un sérieux coup de pouce au numérique, au ferrivaire,etc., a justement pour but de l’éviter.

La plupart des observateurs l’admettent : c’est possible.

Au plan national, mais aussi au niveau d’une région comme Auvergne-Rhône-Alpes.

Le fait saillant de ce plan est d’abord le choix massif de l’investissement : 55 milliards d’euros sur 100 ; auxuqels il faut ajouter 20 milliards de baisses d’impôts.

Il faut dire que sur les principaux chapitres de ce plan, hydrogène, soutien à l’industrie, énergies renouvelables, notamment, la région coche de nombreuses cases, même s’il reste des zones d’ombre.

Quelles sont ces cases ?

Hydrogène : le bon exemple allemand

L’une des surprises de ce plan de relance a été constitué par l’annonce extrêmement ambitieuse d’un plan de soutien à l’hydrogène : 2 milliards d’euros dans les deux ans ; 7 milliards sur les dix ans à venir.

Des chiffres qui répondent en écho aux 9 milliards d’euros débloqué en Allemagne pour l’hydrogène.

Bruno Le Maire évoque même des initiatives communes dans ce domaine entre la France et l’Allemagne qui pourraient avancer ensemble.

Or, à cet égard, la région qui avec Symbio, Mc Phy et de nombreuses autres entreprises, est leader de l’hydrogène en France avec près de 80 % des acteurs de ce secteur sur son territoire. Ce plan pourrait logiquement offrir une perspective de contrats en cascade au cours des années à venir pour tous ces acteurs.

« C’est l’une des briques les plus importantes de la partie “verdissement” du plan de relance », se félicite-t-on à Matignon, où l’on note qu’il s’agit d’« un montant global élevé et inédit ».

On va vers une nouvelle révolution industrielle ! », s’enthousiasme le député LREM Michel Delpon, en rappelant que ses collègues « rigolaient » lorsqu’il intervenait sur le sujet à l’Assemblée. Bref, un virage à 180 degrés en faveur de l’hydrogène et c’est tant mieux !

Il ne s’agit pas d’un plan de relance au sens keynésien du terme, mais d’un plan de soutien au tissu productif, c’est-à-dire axé sur l’offre et non pas la demande. A cet égard, le gouvernement fait le pari du déblocage des 100 milliards d’euros qui ont rempli le bas de laine des Français pendant le confinement et plus globalement pendant cette crise, l’épargne de précaution l’ayant jusqu’à présent emporté.

L’industrie au premier rang

Auvergne-Rhône-Alpes est la première région industrielle de France.

La baisse des impôts de production annoncée devrait donc bénéficier à ses entreprises. Il faut savoir que les impôts de production sont en France près de sept fois plus importants qu’en Allemagne.

Dans l’industrie, cet écart est un peu moins important : la baisse d’impôt qui va s’ensuivre va réduire cet écart à près de 20 %, ce qui est significatif. Un rebond de productivité devrait s’ensuivre.

Autre point fort de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui devrait tirer son épargne du jeu : le numérique pour lequel une enveloppe de 7,1 milliards va être allouée.

Selon Digital League, le Cluster numérique de la région, Auvergne-Rhône-Alpes est la deuxième région la plus dynamique dans le développement de l’économie du numérique avec un effectif dans ce secteur de près de 70 000 emplois en 2018.

Pour le gouvernement, c’est une évidence, mais pour le monde économique aussi : la relance économique doit passer par le numérique.

Le grand atout de ce plan de relance est de préparer des mutations indispensables pour préparer le monde d’après : écologiques et numériques.

Les principaux objectifs affichés : le soutien aux start-up, la réduction de la fracture numérique et l’accélération de la transition numérique des entreprises.

Une transition numérique qui couplée à la baisse des impôts de production est à même d’accentuer les gains de productivité des entreprises.

Enfin la dernière composante de ce plan qui devrait être bénéfice à la région : il consacre” près de 5 milliards d’euros pour le secteur des transports dont la plus grosse part sera consacrée au ferroviaire.

L’urgence du nœud ferroviaire lyonnais

L’effort portera essentiellement sur le soutien au secteur ferroviaire et notamment l’amélioration du réseau où la circulation est intense”, dont les nœuds ferroviaires autour des métropoles.

Ça tombe bien car la résolution du nœud ferroviaire lyonnais que l’on attend depuis des lustres est une véritable urgence !

Les zones d’ombre

Restent des zones d’ombre. Par exemple dans le BTP, un chef d’entreprise comme Hervé Legros pointe du doigt dans Lyon-Entreprises “le manque total d ‘ambition du plan de relance pour sortir de la crise du logement.”

Quatre secteurs vont par ailleurs très importants en terme de poids dans le PIB régional vont continuer à souffrir : le tourisme, le transport aérien, sachant que Lyon-Saint Exupéry ne tourne qu’à un tiers de ses capacités et enfin l’événementiel et la culture.

D’autre part, le gouvernement parle peu du pilotage de cet argent. Cela va sans doute venir ; et c’est essentiel si l’on veut que ce plan ne soit pas qu’une course aux guichets où chacun vient chercher de l’argent.

Il est aussi important que ce plan mis en œuvre par Bercy ne reste pas piloté de Paris mais que les régions aient un rôle important à jouer Certes, lors de la présentation de ce plan a été évoquée sa territorialisation, mais on connaît le goût de Bercy pour la Jacobinisme.

Condition sine qua non pour que ce plan de 100 milliards d’euros se révèle efficace, il faut que sa mise en œuvre soit effective à partir des régions et rapide…

Le groupe immobilier lyonnais Alila “regrette le manque total d’ambition du plan de relance pour sortir de la crise du logement. “