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Les industriels de moins en moins frileux à l'idée de valoriser leur chaleur fatale

Portés par des aides financières de l'Etat et l'engouement pour la cause écologique, de plus en plus d'industriels s'organisent pour réutiliser ou vendre leur chaleur « perdue ». Le gisement de chaleur fatale facilement valorisable serait de 12 TWh/an, mais à peine 0.4 Tw/h sont exploités.

Chez Kimberly-Clark, à Villey-Saint-Etienne, la facture énergétique a baissé de 8 % en un an
Chez Kimberly-Clark, à Villey-Saint-Etienne, la facture énergétique a baissé de 8 % en un an (PHOTOPQR/L'EST REPUBLICAIN/MAXPP)

Par Françoise Sigot

Publié le 5 oct. 2020 à 09:41

La promesse du plan de relance gouvernemental d'inclure des appels à projets visant la chaleur bas carbone n'est pas passée inaperçue chez les promoteurs de la valorisation de la chaleur fatale . « La valorisation de la chaleur fatale fait aujourd'hui partie des actions matures et parmi les moins chères en matière de transition énergétique », assure Thomas Gourdon, responsable adjoint du service industrie de l'Ademe. Mais les industriels restent encore un peu frileux à l'idée de valoriser les calories qui s'échappent de leurs usines. Selon l'agence, le gisement de chaleur fatale facilement valorisable serait de 12 TWh/an, de quoi chauffer 1 million de logements, mais à peine 0,4 Tw/h est exploité. « L'objectif est d'arriver à 0,8 Tw/h en 2023 et à cinq fois plus en 2028 », évoque Thomas Gourdon.

Pas de barrières technologiques

Un point est acquis : les solutions de valorisation ne manquent pas. Certaines visent à réinjecter cette chaleur chez les industriels eux-mêmes, d'autres à approvisionner des réseaux de chaleur urbains, sans oublier le fait de stocker les calories pour mieux les réutiliser ou les vendre à un moment opportun. « Certains industriels peuvent réaliser entre 20 et 25 % d'économies d'énergie en réutilisant leur chaleur fatale », assure Edouard Jounet, président de CertiNergy et Solutions. Sans oublier l'effet d'image en faveur de l'environnement.

C'est ainsi qu'en récupérant la chaleur produite par le système de refroidissement de son centre de données de la Valbonne (Vaucluse), Air France chauffe désormais ses bureaux et a pu arrêter sa chaudière à gaz. Chez Kimberly-Clark à Villey-Saint-Etienne (Meurthe-et-Moselle), la facture énergétique a baissé de 8 % en un an avec la valorisation de la chaleur fatale, et les émissions de CO2 ont diminué de 12 %. Ces projets n'en restent pas moins longs et coûteux à monter, même si, dans le sillage de la technologie, l'ingénierie financière fait, elle aussi, des progrès.

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Un tiers de confiance

L'Ademe a ouvert la voie en 2009 en créant un fonds chaleur doté de 350 millions d'euros. Il sert à financer des projets jusqu'à 50 % de l'assiette éligible pour les petites entreprises, 40 % pour les moyennes et 30 % pour les grandes. La subvention a déjà facilité l'émergence de 5.000 opérations.

En parallèle, de plus en plus d'acteurs se positionnent en tiers de confiance pour porter ces projets. Ils structurent les solutions de valorisation de chaleur fatale de A à Z, aussi bien sur le volet technique que sur le volet financier. « Nous nous substituons à l'industriel en portant les investissements et en nous rémunérant sur les économies réalisées », décrit le président de CertiNergy Solutions, filiale d'Engie qui travaille essentiellement sur des dispositifs de réemploi de la chaleur fatale en interne. Pour accélérer le mouvement, les collectivités, elles aussi soucieuses d'améliorer leur empreinte carbone, prennent leur part.

Vallée de la chimie

Aux portes de Lyon, dans la Vallée de la chimie, la métropole pilote un projet de valorisation de la chaleur émise par les chimistes. L'idée est de créer une canalisation pour capter les calories et les emmener dans un ou plusieurs réseaux de chaleur des villes voisines. «La métropole a impulsé le projet et réalisé les études avec des crédits de l'Ademe et de la Caisse des Dépôts. Désormais nous sommes en train de construire le modèle économique sur la base d'un partenariat public privé», décrit Julien Lahaie, le directeur de la Vallée de la chimie. Il espère une mise en service en 2024 sous la forme d'un «modèle ouvert» permettant à d'autres entreprises de rejoindre le projet. Preuve que de tels projets ne peuvent se concrétiser que sur des temps longs.

Françoise Sigot (Correspondante à Lyon)

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