En février, le déclenchement de la pandémie de Covid-19 à Wuhan, l’un des épicentres industriels de la Chine, avait créé l’émoi dans les grandes entreprises mondialisées, pour lesquelles les chaînes d’approvisionnement prenaient bien souvent les anciennes « routes de la soie ». Et si les composants électriques et électroniques, pièces automobiles, tissus ou fils pour l’industrie textile venaient à manquer, bloquant la production tout entière ?
Bien avant d’entraîner le confinement d’une grande partie de la planète, le nouveau coronavirus faisait souffler un grand vent de relocalisation vers les bases arrière de l’Europe, bassin méditerranéen en tête. A présent, les grands projets de réorganisation des chaînes d’approvisionnement sont remisés aux calendes grecques, à en croire le Baromètre de l’attractivité de l’Europe réalisé par le cabinet EY au cours de la seconde quinzaine d’octobre et publié jeudi 19 novembre.
Il est vrai que l’économie chinoise est repartie à bonne allure, alors que les grands industriels européens sont encore encalminés dans la crise. Et, par temps de pétole, inutile de sortir trop de toile, au risque d’alourdir encore le navire. « On rencontre aujourd’hui un peu plus de prudence ou de réserve face à l’idée d’un grand remue-ménage des “supply chains” mondiales », concède Marc Lhermitte, associé chez EY et auteur dudit Baromètre.
« Moins de capacités d’investissements »
Alors qu’en avril, 83 % des dirigeants interrogés envisageaient de développer le nearshoring (délocalisation dans une région proche) vers des pays à bas coûts de l’Europe ou du bassin méditerranéen, ils n’étaient plus que 37 % en octobre. De même, l’idée, impérieuse au printemps pour 62 % d’entre eux, de réduire leur dépendance face à « des sources dominantes ou uniques » se fait bien moins pressante, puisque seulement 37 % y songent encore.
« Il est très coûteux de défaire des chaînes d’approvisionnement mondiales, alors que les entreprises ont aujourd’hui moins de capacités d’investissements », explique M. Lhermitte. Les patrons envisagent plutôt de mettre la priorité sur l’accélération de la numérisation, la durabilité des produits et le changement climatique. En outre, l’Europe a retrouvé un peu de lustre : il y a neuf mois, 43 % jugeaient le Vieux Continent peu attractif en matière d’investissements. Ils ne sont plus aujourd’hui que 21 %, grâce, notamment, au plan de relance européen.
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