Le 8 mars dernier, c’était la journée des droits des femmes. Chez Poncin Métal, spécialiste en tôlerie et chaudronnerie, le 8 mars, c’est toute l’année. Cette PME de 70 collaborateurs a pris résolument le virage de la féminisation de ses équipes. Cette démarche porte déjà ses fruits. Le point avec Jean Charles Valet, son dirigeant qui a impulsé avec conviction cette dynamique au cœur de son entreprise.

Comment est née cette démarche de féminisation des équipes ?

Stimulé par ma fille très proactive sur le sujet, l’égalité femmes-hommes est un principe qui me tient à cœur, aussi bien dans le champ professionnel que personnel. J’ai rejoint Poncin Métal il y a 8 ans, en tant que Directeur Commercial. Puis j’ai pris le poste de Directeur Général et enfin en 2020, j’ai racheté l’entreprise. Chez Poncin Métal, les équipes étaient historiquement masculines, la présence féminine étant principalement réservée à l‘accueil. Une culture d’entreprise profondément ancrée. Il y a 4 ans, la décision a été prise de repenser entièrement l’organisation et le management du groupe.

Objectifs :  redonner de l’autonomie, responsabiliser à tous les niveaux et s’ouvrir au recrutement des femmes pour tous les métiers, à compétence égale et avec le même traitement salarial. Les femmes représentant plus de la 50% de la population française, ce serait dommage de passer à côté de la moitié des talents !

Vous êtes-vous fixé des objectifs de recrutement ?

Dans les CV que nous recevons aujourd’hui pour les postes d’encadrement, 60 % sont féminins. Mais je ne veux pas ni quota, ni dogme. Nous recrutons d’abord des compétences, des savoir-faire, des savoir-être, peu importe si ce sont des hommes ou des femmes… Des recrutements féminins ont été faits, des postes d’encadrement pour la plupart, pour l’ADV, les RH, le bureau d’étude, la logistique, la qualité, le service sous-traitance, la communication…. Et sur les trois alternants que nous avons récemment recruté, deux sont des filles.

femmes poncin metal A LA UNE

Muriel WOINET – Responsable QSE ; Béatrice BRUGNOT – Assistante ADV

Qu’est ce qui a changé avec l’arrivée des femmes dans vos équipes ?

Il était intéressant d’observer l’arrivée des femmes dans un univers très masculin. Le mode de management des femmes est différent, plus participatif, dans le dialogue, l’échange, le consensus. Le management masculin chez Poncin Métal, étant plus autoritaire, plus descendant. C’est aussi peut être une question de génération. La féminisation contribue à plus de de rondeur, de médiation, et en même temps beaucoup plus de précisions et plus de rigueur. On sent un virage bénéfique dans la culture de l’entreprise.  Ce virage se ressent pour l’ensemble des équipes.
et puis, plus concrètement, nous avons dû créer un vestiaire féminin, c’était la condition sine qua none pour féminiser nos équipes…

Comment vos équipes ont-elles accueilli cette féminisation ?

Il n’y a eu aucun problème, c’est ce qui est génial… les recrutements féminins sont aujourd’hui un non évènement chez Poncin Métal. Les équipes reconnaissent le talent et la compétence. Il ne faut surtout pas commencer à expliquer que les emplois sont genrés… Récemment, j’ai failli embaucher une responsable de l’audit production. La candidate, Ingénieur des mines de formations est venue passer quelques jours pour faire un audit de production. Après son départ, tous les opérateurs m’ont demandé quand elle démarrait sur le poste. Ils n’ont pas relevé que c’était une femme. Très pédagogue et rigoureuse, elle est très bien passée face à des collaborateurs de 40-50 ans qui ont bien perçu ses qualités. Malheureusement, je n’ai pas pu embaucher cette candidate pour des problèmes de distance.

Quels conseils pour les dirigeants de PME qui voudraient s’engager dans cette démarche ?

D’abord, il ne faut pas faire ça pour être dans l’air du temps. Il faut être engagé et y croire. Le dirigeant doit porter sa démarche de façon intime, pas pour des statistiques. Pour ma part je crois profondément, à la nécessité de faire évoluer notre modèle de société, notre culture.

La seule limite dans l’industrie, c’est la pénibilité de certaines tâches. Mais en même temps, c’est une piste de progrès intéressante à explorer avec la robotisation et l’automatisation de la production.  Dans notre imaginaire, les hommes ont des muscles et ils doivent s’en servir. C’est une vision déformée de la réalité. Il faut arrêter avec ces idées préconçues et réduire la pénibilité pour tout le monde. Une piste de développement qui bénéficie à tous et à l’entreprise aussi.

Le secteur de la métallurgie a toujours cette image poussiéreuse et de pénibilité, notamment les PME. Les grands groupes eux, ont un temps d’avance. Mais les CV féminins sont de plus en plus nombreux à arriver. Et il suffit que le dirigeant soit ouvert pour que ça bascule…les femmes sont au RV et il faut les accueillir. On ne reviendra pas en arrière.

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