Pour une intermodalité verte, le fret ferroviaire doit se développer

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La loi Climat et Résilience affronte ce qui sera le grand défi du 21ème siècle : la réconciliation de l’homme et de la planète. [Benjamin Wagner/Unsplash]

Alors que le Parlement est saisi d’un texte primordial répondant à une double demande des français, pour davantage de démocratie participative et pour une transition écologiste plus juste, nous devons saisir cette opportunité pour accélérer le verdissement de la mobilité.

La loi Climat et Résilience affronte ce qui sera le grand défi du 21ème siècle : la réconciliation de l’homme et de la planète. Cette loi doit engager l’action à court terme, et, en même temps, se projeter dans le temps long des quinquennats et générations futures. Elle doit aussi s’inscrire dans une perspective européenne.

Nourrie des travaux de la Convention Citoyenne pour le Climat, moment novateur de la vie démocratique, elle doit maintenant s’enrichir de l’apport de la représentation nationale.
Le projet de loi insiste sur l’enjeu des pratiques du quotidien. A juste titre. Il est vital que la préoccupation écologique se grave dans les comportements et dans l’esprit de chaque citoyen. C’est une condition nécessaire aux mutations qu’il faut engager.

Mais cela ne suffira pas.

Il faut aussi une vision politique et sociétale de l’économie verte de demain. Les entreprises le perçoivent, de plus en plus sensibles à leur responsabilité sociétale et au verdissement de leur logistique, en particulier à l’enjeu du transport de fret, secteur hautement émetteur de CO2 et de pollution.

Le projet de loi aborde peu cet enjeu, pourtant essentiel. Il propose bien la nécessité d’améliorer la performance écologique du transport routier, et c’est indispensable. Mais il ne la situe pas dans la perspective d’une logistique verte européenne intermodale, contributive à la souveraineté de l’Europe, alors que cette idée monte en puissance et commence à mobiliser les régions.

La loi est muette sur la double performance, énergétique et écologique, du fret ferroviaire, peu consommateur d’énergie et adaptable à toutes les énergies propres. L’empreinte CO2 du transport ferroviaire est 10 fois inférieure à celle du mode routier, il pollue 8 fois moins. Ces atouts sont accessibles sans délai, alors que le routier propre, au moins pour les longues distances, exigera plusieurs décennies de mise au point.

S’il apparaît nécessaire d’accompagner la transition énergétique du transport routier, premier mode de transport de nos marchandises, nous avons néanmoins la possibilité d’agir dès maintenant pour renforcer les liens entre le ferroviaire et la route, afin de construire un véritable projet intermodal. En effet, la valorisation de la performance du rail ne se fera pas contre la route, mais par le développement de l’intermodalité rail/route, bénéficiant à un transport routier français relocalisé. En ce sens, il apparaît important de s’assurer que les projets d’implantation de nouvelles plateformes logistiques de fret sur notre territoire permettent une connexion intermodale. Il convient également d’engager les chargeurs à établir dans chaque filière un doublement du volume de marchandises transportées par le rail.

Actuellement, la situation du fret ferroviaire français, chuté à 9% de part de marché quand la moyenne européenne est à 18%, est alarmante. La France est en voie de devenir le maillon faible de l’Europe ferroviaire. Toutefois, une dynamique nouvelle est lancée, associant les acteurs ferroviaires, les chargeurs, les logisticiens avec la coalition 4F (Fret ferroviaire français du futur). Dans le même temps, le Ministère des Transports planche sur la nouvelle stratégie pour le développement du fret ferroviaire votée dans la loi d’Orientation des mobilités.

Nous devons accompagner ces démarches vertueuses et inscrire dans le projet de loi Climat et Résilience un objectif ambitieux et réaliste d’un retour à une part modale du fret ferroviaire à 18% à l’horizon 2030. En cautionnant cet objectif de doublement, la loi enverrait un signal politique fort, nécessaire. A l’inverse, son silence sur cet objectif ferroviaire national affaiblirait sa portée et serait un contre-signal aux marchés, à l’Europe, aux Régions, et à un secteur social sensible.

Liste des cosignataires : Barbara Bessot Ballot, Laurence Gayte, Yves Hemedinger, Frédérique Dumas, François Jolivet, Philippe Huppé, Benoit Simian, Yves Daniel, Richard Ramos, Sira Sylla, Michel Fanget, Fabien Lainé, Patrice Perrot, Jean-Luc Lagleize, Danièle Cazarian, Stéphaune Baudu, Sylvain Templier, Caroline Janvier, Pascale Boyer, Jean Charles Colas-Roy, Jean Michel Mis, Carole Bureau Bonnard.

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