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Approvisionnements : quelles stratégies de contournement des circuits habituels ?

Pour diminuer l'impact des augmentations du coût des matières premières, les industriels adoptent des stratégies de contournement. Une gestion de crise qui préfigure une mutation de l'organisation des chaînes de valeur.

Anticiper : c'est le maître-mot en matière d'approvisionnement. Comme le souligne François Beaume, vice-président de l'Association pour le Management des Risques et des Assurances de l'entreprise, cité par Les Échos : « Les entreprises qui ont travaillé́ en amont sur leur gestion des risques ont déjà̀ probablement identifié les moyens de contournement, avec des fournisseurs alternatifs et des modes de livraison différents. Les sociétés qui vont le mieux traverser cette crise sont celles qui auront réfléchi en amont et mis en place des mesures leur permettant de basculer sur d'autres modalités ».

Analyser le coût global d'approvisionnement selon le positionnement géographique des filiales

Certaines entreprises s'appuient sur leurs filiales étrangères pour imaginer des stratégies de contournement des circuits traditionnels d’approvisionnement et gagner en flexibilité. Au 1er semestre 2022, une PME industrielle achetait ainsi des matières premières en France, avec les aides de l'État tel que le PGE (Prêt garanti par l'État), pour sa filiale polonaise frappée par une hausse excessive du coût de ses approvisionnements. À l'inverse, une autre PME contournait les prix élevés de l’acier en France, en l'achetant via sa filiale au Danemark.

Dans le même esprit, Stäubli, fournisseur mondial de solutions mécatroniques, analyse le coût global d’approvisionnement de ses composants selon le positionnement géographique de ses filiales et décide quelle est la mieux placée pour procéder aux achats. Ainsi, le groupe peut s'approvisionner en France pour la France, en France pour la Chine, en Chine pour la France ou en Chine pour la Chine. Les composants stratégiques qui font l’objet de propriété ou de secret industriels, sont, eux, sourcés en France.

Une mutation des chaînes de valeur ?

 Lorsque les entreprises ne disposent pas de filiale, elles jouent sur la relation durable et de confiance avec leurs fournisseurs. C'est d'autant plus vrai pour celles qui ne fabriquent pas de produits propres et ne peuvent pas se diversifier. Les fournisseurs donnent la priorité aux clients engagés avec eux. L'anticipation est alors encore plus importante pour, face à la hausse du prix des matières premières, négocier la possibilité de relever les seuils des encours afin de s’assurer des livraisons, sans avoir à trop puiser dans la trésorerie pour payer la différence.

Cette gestion de crise annonce-t-elle une mutation de l'organisation des chaînes de valeur ? Selon Coface, « des voies de fret ferroviaire primordiales entre l'Europe et la Chine se développent désormais hors de Russie, via le corridor d’Asie centrale. À l'instar de l'impact de la crise Covid sur les tendances sectorielles mondiales, ce nouveau choc devrait servir de catalyseur à des transformations significatives ».

 Les effets de bords du conflit russo-ukrainien

Par ailleurs, le conflit russo-ukrainien pourrait avoir des effets de bords sur les pays d'Europe de l'Est limitrophe qui étaient envisagés comme territoires de relocalisation d'activités exilés en Asie. D'autant que certains d'entre eux, comme la Roumanie voient leur compétitivité atteinte. Pour fidéliser leurs collaborateurs, les entreprises indexent les salaires sur l’inflation. Avec une hausse des prix de 11,5 %, l’augmentation des rémunérations en Roumanie est trois à quatre fois plus importante qu’en France, battant en brèche la notion de low cost. À sa grande surprise, une entreprise mécanicienne a constaté que le prix de revient de ses pièces était plus compétitif sur son site français que sur son site roumain. Elle considère désormais ce dernier comme une entité autonome qui doit être rentable. Elle va devoir travailler sur sa productivité, développer des activités complémentaires, adresser des marchés de proximité dans les pays de l’Est… Cette nouvelle configuration permettra également aux maisons-mères de raisonner « multisites » et « activité globale », en répartissant la charge entre les sites français et roumains.

 

 

Point de vue

« Face à la pénurie de matières premières, proposer des alternatives de produits à nos clients permet de mettre en avant la valeur de conseil de l'entreprise. Il ne s'agit plus de vendre des produits sur étagère mais de la fonctionnalité. La pénurie de matières première peut devenir une opportunité d'affaires. »

 

Point de vue

« Imaginer en écoconception un mix de matières premières permettrait d'être moins dépendant des fluctuations de prix. »